Brumes étirées sur le lac endormi
Il est tôt.
Mouettes grinçantes, même l'eau
Fripée de clapotis
Ne semble pas vouloir, encore,
Sortir de son lit.
Il sent comme une odeur
De paresse matinale
Où les barques s'entrelaquent
En se poussant du coude.
Bientôt, il fera beau
Et le bel assoupi
Bousculé par le jour
Se fera fier et grand.
Il est temps.
Sur ses bords, sur ses rives,
Des amours ont pris sens
Une main se glissant dans celle
De son autre.
Un baiser.
Des amants enlacés.
Il fait chaud.
Et déjà arrivent les petits cavaliers
Qui feront galoper
Les chevaux à pédales
Qui depuis de nombreuses décennies,
Grisés par leurs cris enthousiastes,
Ont foulé le Pâquier.
Plus loin vers le grand roc
Des âmes chères sont parties
Laissant des larmes de sang
Teinter son éclat cyan.
Maître des lieux, maître du temps,
Il donne mais aussi Il reprend.
Puissant.
De son royaume de Savoie
La Haute
Il est le roi.