Lorsque je suis né
Personne ne s'est extasié
Des regards interrogateurs
Des sourcils froncés, scrutateurs,
J'ai vite compris que dans mon monde
La route deviendrait dure et longue
Sans me douter une seconde
Que ces deux adjectifs, très définis,
Allaient me poursuivre toute ma vie.

Car je n'ai pas grandi
C'est là mon principal souci.
À deux ans je faisais illusion
« Tout ce qui est petit est mignon »
Mais à vingt, on se pose des questions
Et à trente, bien pensant,
On veut forcer le destin
En se laissant prendre en main.
Mais à quarante,
Quand rien ne change
Après avoir tout essayé,
Des traitements, très appropriés,
Force est d'admettre, à reculons,
Qu'il n'y a rien dans le pantalon.

Je me suis même donné des surnoms
« Super Titan », « Maxi Knacki »
Espérant qu'ainsi motivé,
Moi , petit zizi, j'pourrais briller

Et puis un jour, je me suis dit
C'est vraiment fini les conneries,
J'venais de rencontrer, enfin!
La nouvelle femme de ma vie
Et j'ai tout de suite pensé
Va falloir se concentrer
Et faire grossir le bébé.
Que justement elle réclamait
Surtout à corps, très peu à cris,
Dû à ma navrante incapacité
De me réveiller et de m'affairer.
La punition est tombée :
Elle m'appelait désormais,
Même quand on était au lit,
« Ouécharlie »

On tenta in extremis
Pour tenter de me faire grossir
De consulter un professeur
Dit-on,
Pourvoyeur de bonheur
Par le biais miraculeux
De savoureuses pilules bleues.

Après avoir ingurgité
Plus de trois fois mon poids de cachets
Il a bien fallu m'incliner
Devant l'étendue du désastre
C'était écrit dans le béton
C'est sûr, Je ne ferai jamais des bonds.

Alors bien sûr, elle m'a quitté
Frustrée par des nuits désertiques
Et du spectacle catastrophique
D'un petit engin, pas très malin,
Devenu une vraie peau de chagrin....